A propos
A hauteur d’homme
C’est sa passion des humains qui l’a poussé hier à la photographie ; et c’est la photographie qui l’invite aujourd’hui à se tourner de nouveau vers les humains. Jean-Sébastien Faure postule que l’appareil photo est une clé pour rencontrer l’Autre. Il acquiescerait volontiers, on imagine, au propos de Raymond Depardon, déclarant photographier « pour être un peu moins seul ». Comme Depardon, du reste, Jean-Sébastien Faure aime travailler par séries. S’il fait table rase de la mythologie du cliché unique (cet « instant décisif » un peu surfait, cher à Cartier-Bresson), c’est pour s’attacher plutôt à des suites d’images composées dans la durée, au fil desquelles s’élaborent des embryons de récits, où notre imagination et notre faculté d’empathie ont leur part.
Jean-Sébastien Faure raconte des moments de vie. A l’instar de Mary Ellen Mark (l’une de ses références majeures) qui s’était attachée, voilà quarante ans, à retracer l’existence quotidienne des prostituées de Falkland Road (Bombay) avec une justesse de ton bouleversante, il cherche photographiquement à « être dans l’histoire ». Non pas qu’il sacrifie la forme au fond (les décentrements, les jeux de lignes, les premiers plans, les échelonnements de plans, prouvent qu’il construit parfaitement ses images), mais du moins ne dresse-t-il jamais de barrière protectrice – y compris esthétisante – entre ce qu’il photographie et lui. Les zooms superpuissants des paparazzi constitueraient la négation même de son éthique photographique. Jean-Sébastien Faure est dedans, n’hésitant jamais à aller au charbon, à la rencontre des autres, s’invitant avec leur accord dans leur monde à eux, et s’impliquant profondément dans tout ce qu’il nous donne à voir.
Par cette implication, Jean-Sébastien Faure s’impose à l’évidence comme un photographe engagé. Engagé à la manière dont l’était August Sander, admirable « documentariste » des Hommes du XXe siècle, qui tenait pour acquis qu’un portrait digne de ce nom doit témoigner à la fois du social et de l’intime. J’entends par engagé celui qui se tient parmi ses semblables, avec eux, et prend parti pour la dignité humaine. Jean-Sébastien Faure est engagé, puisqu’il photographie à hauteur d’homme.
Jean-Louis ROUX
– Publications pour la presse internationale, nationale, régionale (The Independant, Libération, Le Monde, Le Dauphiné Libéré…).
– Publications pour la presse magasine (L’œil Electrique, L’Alpes, L’Equipe Magazine, L’Express, The Melody Makers…)
– Editions d’une dizaine d’ouvrages (en collectif et en solo).
FAISONS QUELQUE CHOSE D’EXCEPTIONNEL ENSEMBLE
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